Une volontaire humanitaire en Arménie
Témoignage de Camille de Lardemelle
L’actualité récente en provenance du Proche Orient, des bords de la Méditerranée aux confins du Caucase voit se succéder troubles politiques et conflits.
Dans ce contexte marqué par de trop nombreuses difficultés, les actions humanitaires, conduites par des ONG, à l’exemple de l’Œuvre d’Orient, sont autant de signes d’espérance.
Depuis 1856, l’Œuvre d’Orient agit en faveur des chrétiens orientaux afin de les soutenir dans leurs projets, sanitaires, éducatifs ou communautaires. Dispensaires, hôpitaux, écoles ou lieux de formations, s’ils sont tenus par des chrétiens, n’en sont pas moins au service de tous et accueillent les habitants sans distinction aucune.
Ce jeudi 12 décembre, tous les élèves en classe de Première, recevaient la visite de Camille DE LARDEMELLE, étudiante en école de commerce mais surtout volontaire pour l’ Œuvre d’Orient en Arménie.
Son volontariat a duré 4 mois, au sein de deux maisons d’accueil tenues par les Missionnaires de la charité, pour des personnes trisomiques et des enfants lourdement handicapés.
Camille a su conquérir son auditoire non seulement avec humour et sans langue de bois mais encore avec passion et profondeur, livrant un témoignage riche et intense.
Morceaux choisis :
« Ils ont entre neuf mois et cinq ans, ne parlent pas, ne voient pas et sont tous nourris à l’aide d’une sonde. Tous, hormis un petit bout de chou que je croise dans le couloir sur sa chaise haute. C’est Allen, le rayon de soleil de l’étage, il va bientôt avoir un an… Dans cette maison que je vois pour la première fois, je lis dans son premier regard une tristesse que je ne pensais pas voir chez un enfant aussi jeune. La suite de ma mission me fera découvrir son sourire charmeur et ses yeux pleins de tendresse. Peut-être ai-je vu dans son regard ma propre inquiétude face à ce qui m’attendait au contact de ces onze enfants.»
« Mariam est revenue de l’hôpital. Cette enfant que j’avais quitté avec angoisse seulement quelques jours après mon arrivée, je tisse doucement un lien avec elle pour calmer sa respiration. La voir s’assoupir dans le creux de mes bras réjouit ma journée entière. Chaque matin depuis deux mois, j’attrape mon balai et ma serpillière et nettoie sans fin les mêmes pièces pendant plus d’une heure. C’est le moment de la routine. Les marques sont prises, les cours d’arméniens commencent à donner leurs fruits, avec chaque enfant s’est créé un lien particulier en dehors de toutes les normes sociales habituelles. La fatigue, on apprend à vivre avec. On fait des siestes et on se couche plus tôt que sa grand-mère mais après deux mois, on a compris que ces éléments étaient nécessaires. Les sœurs révèlent aussi leur humanité, leurs défauts et leur sensibilité. En pilote automatique certains jours, je m’abandonne à ces enfants comme on s’abandonnerait au Christ. La contemplation dans l’action, la prière dans le faire.»
Notre volontaire a insisté sur l’engagement personnel d’une telle mission, tout en soulignant, à ses yeux, la simplicité, la modestie du travail accompli sur un temps donné, dans tous les sens du terme.
Comment ne pas voir les bienfaits et l’importance de la contribution apportée, tant pour les enfants accueillis que pour les religieuses et les employés qui se voient ainsi soutenus et encouragés ? Une goutte ou plutôt quelques grammes de sel qui donnent toute sa saveur au plat préparé et partagé...
Au terme de notre rencontre, Camille reconnaissait que ce temps de service l’avait changé, la conduisait à porter un autre regard sur le monde. Questionnée sur son avenir professionnel, son école de commerce terminée, elle indiquait son choix de se diriger vers la gestion d’établissements à vocation sanitaire et sociale.
S’il était besoin, l’écoute et plus encore les nombreuses questions des élèves, traduisaient un intérêt certain de l’assistance, lors d’un témoignage riche et intense.
Lionel ROOS JOURDAN, professeur d’Histoire – Géographie